Que font les banques pour la durabilité ? Comment évaluer la durabilité des banques et des investissements ? Comment les données ESG transforment-elles le financement ? Pour répondre à ces questions brûlantes, Plan A a organisé une discussion informelle avec Swedbank. Nous avons eu le plaisir d'entendre un intervenant captivant, Fredrik Nilzén, responsable de la durabilité du groupe chez Swedbank.
Fredrik Nilzén a commencé avec de la curiosité et un intérêt pour la société, le climat et l'environnement. Il a passé quelques années en France à étudier pour son master, puis a intégré une société de conseil en management, mieux connue sous le nom d'Accenture. Après être devenu responsable du développement durable chez Accenture en 2009, il a rejoint Swedbank en tant que responsable du développement durable du groupe. Il explique : "Je ne me suis jamais vu dans la finance, mais après quelques années, on comprend que la finance doit changer et se tourner vers la durabilité. Mon idée est que la finance est le secteur où être pour accélérer le changement dans la société. Ce n'est pas facile, c'est un parcours, mais il est important d'en faire partie."
Comment dirigez-vous la roue de la durabilité au sein du secteur bancaire ?
J'ai pour mission de développer la durabilité au cœur de la stratégie commerciale de Swedbank. Nous sommes convaincus que nous devons le faire grâce à nos clients. En fin de compte, ce sont les investissements que nos clients souhaitent réaliser, et nous devons leur permettre de faire ces choix durables. Nous pensons que nous sommes là pour aider nos consommateurs dans ce parcours vers la durabilité. Par exemple, je travaille sur des objectifs directs et indirects (par exemple, le portefeuille immobilier, les émissions de comptabilité carbone).
Nous voulons que nos clients professionnels survivent, et nous pensons qu'ils doivent changer, et s'ils ne le font pas, ils feront faillite. C'est grâce à nos clients que nous pouvons y parvenir. Je rencontre également régulièrement des investisseurs pour les inciter à changer leur façon de dépenser leur argent. Le défi est qu'il faut une montée en compétence dans la société, et nous travaillons au sein de la banque pour développer des outils et des processus. Mais il s'agit également d'un marché très immature dont nous parlons.
Comment mesurez-vous l'impact de votre portefeuille ? Et qu'en est-il de la comptabilité carbone ?
L'utilisation des facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) peut vous aider à mesurer l'impact de votre portefeuille. Vous pouvez trouver des données ESG sur les entreprises cotées, mais vous constaterez qu'elles n'arrivent pas aux mêmes conclusions si vous les examinez. Nous avons besoin de données pour systématiser et automatiser notre travail car c'est notre cadre de soutien aux nouvelles réglementations.
La finance doit changer et évoluer vers la durabilité. Mon idée est que la finance est l'endroit où il faut être pour accélérer le changement dans la société.
D'un autre côté, nous avons besoin de comptabilité carbone. Chez Swedbank, nous entamons notre parcours et utilisons de nombreuses sources de données pour le prêt et la gestion d'actifs, sur lesquelles nous appliquons notre propre méthodologie. Pour les entreprises en phase de lancement, nous pouvons nous permettre de prendre le temps de connaître les clients et de collecter des données, et ce travail est juste. Ainsi, l'année dernière, nous avons recruté une équipe spécialisée pour accompagner nos clients dans ce changement durable.
Les données sont essentielles pour analyser l'impact d'un portefeuille et prendre les bonnes décisions. Il y a quelques années, nous avons réalisé un pilote avec une start-up sur l'approvisionnement en données, toute la région nordique achète déjà des données auprès de ce fournisseur, mais d'un point de vue idéologique, cela n'a pas fonctionné. Ensuite, nous avons trouvé une entreprise Fintech qui pouvait rechercher des données sans parler aux entreprises, mais nous avons également conclu que cela ne fonctionnait pas non plus. Cela ne fournissait pas le soutien nécessaire à nos clients, donc nous sommes en quête permanente. À la place, nous essayons de développer des outils internes et de surveiller le marché. Mais une chose est certaine : nous travaillerons avec des données pendant les dix prochaines années.
Nous pensons que l'adoption d'une approche sectorielle est une bonne base, mais ce qui manque, ce sont les risques de matérialité, et la prise en compte de ces deux aspects est compliquée. En ce qui concerne la durabilité, nous avons développé 10 principes fondamentaux : nos objectifs doivent être alignés avec l'accord de Paris et répondre aux Objectifs de développement durable (ODD) des Nations Unies. Nous avons mis au point un outil d'évaluation des impacts que nous pouvons utiliser avec nos clients et nos investissements - où avons-nous l'impact le plus positif ou négatif sur l'environnement et la société ? Et ensuite associer des objectifs à ces défis.
Les grandes données, les critères ESG et la banque durable
Les gens se battent comme des fous pour trouver un cadre standardisé. Actuellement, nous rendons compte de plus de 50 cadres différents, et c'est fou quand on y pense. Ensuite, il y a les réglementations sur la transparence, avec la taxonomie de l'UE et le SFDR. C'est la ruée vers l'or des données ESG.
Tous nos actifs sous gestion, obligations et actions, passent par un filtre de base, car nous ne pouvons pas avoir d'entreprises qui enfreignent les normes ou le droit international. Nous avons une interdiction des armes, du tabac et de la pornographie. Nous avons effectué un travail massif sur l'ensemble de notre portefeuille, afin que vous sachiez que tout a été soumis à ce processus de filtrage. Mais il y a des opportunités d'aller plus loin sur l'aspect environnemental, le grand changement pour nous est que nous avons exclu toute connexion aux combustibles fossiles. Nous avons également une liste d'entreprises que nous considérons comme faisant des efforts pour devenir plus durables.
Cependant, le défi de l'équité réside dans le fait que si vous vendez vos actions, quelqu'un d'autre viendra avec son argent et investira, donc quels sont les effets de vos actions ? Bien sûr, si vous avez de grosses parts, cela fait une différence, et parfois nous mobilisons tous les propriétaires et gestionnaires d'actifs, en leur disant : "si vous ne faites pas ce qui est juste, nous retirerons tous nos actifs". Mais ce n'est pas facile en matière d'équité. Vous devez pousser les entreprises à changer de cap.
Si nous avons des entreprises résolvant des défis pour la société, cela va de pair avec une bonne activité commerciale.
Il est facile de penser "nous avons une entreprise qui installe des panneaux solaires", mais cela ne signifie pas que l'entreprise est bien gérée. Cela ne signifie pas que les propriétaires prennent bien soin de leurs employés et de leur capital. Nous devons intégrer davantage de critères ESG, mais cette connaissance n'a pas été accessible pour la plupart des gens. Maintenant, nous constatons que les grandes entreprises cherchent à créer de la résilience dans leurs chaînes d'approvisionnement. Si les entreprises sont bonnes dans la prise de décision, si elles résolvent les problèmes pour la société, elles continueront d'attirer les parties prenantes, les employés, le capital et les clients. Vous savez que tous les investissements ne seront pas rentables, mais il y a des compromis, et vous devez avoir une vision à long terme.
Construire une équipe de faiseurs de changement
L'an dernier, j'ai fait de gros efforts pour avoir un spécialiste juridique dans mon équipe. Il est difficile de trouver des personnes ayant de l'expérience en finance durable car c'est un domaine assez récent. Nous avons recruté des personnes qui sont de puissants moteurs de changement, capables de travailler avec une unité commerciale, une équipe de direction et d'avancer sur des sujets clés. Nous constatons de plus en plus que nous avons besoin de compétences techniques exceptionnelles en matière d'émissions de carbone, de biodiversité et de droits humains.
Amenez des personnes que vous n'auriez pas recrutées il y a cinq ans car elles apportent des perspectives et des compétences différentes à la banque.
D'autre part, si nous ne parvenons pas à protéger notre infrastructure contre le blanchiment d'argent, il y a plus de risques dans la société (armes, drogues, trafic d'êtres humains). Nous avons besoin d'une technologie avancée, d'une durabilité profonde et de la capacité de travailler avec les autres pour plaider en faveur du changement et le diriger.
À quel point êtes-vous optimiste pour l'avenir ?
Oui, je suis optimiste et je crois que nous devons réduire nos émissions de 50% tous les dix ans, et c'est l'agenda que nous devons suivre. Nous voyons de plus en plus de pays revenir dans le jeu : les États-Unis ont rejoint l'Accord de Paris, la Chine montre un certain intérêt, donc nous devons être optimistes. Nous voyons également un élan sur le marché financier. Alors, comment allons-nous construire toutes ces bonnes entreprises ? Par exemple, le pacte vert européen dépense des budgets importants pour la durabilité et les entreprises innovantes. Comment vont-ils trouver tous ces projets ? Le moment n'a jamais été aussi propice, et il est temps de mettre de grandes idées dans les entreprises.
Des derniers mots ?
Il n'y a pas de planète B, même si Elon Musk cherche une autre planète.
Vous recherchez une solution ? Découvrez le produit et l'offre de Plan A pour décarboner l'empreinte carbone de votre entreprise. Demandez une démonstration dès maintenant.
